RIMBAUD AUX SIENS
Aden, 17 août 1880.
Chers amis,
J’ai quitté Chypre avec 400 francs, depuis près de deux mois, après des disputes que j’ai eues avec le payeur général et mon ingénieur[1]. Si j’étais resté, je serais arrivé à une bonne position en quelques mois. Mais je puis cependant y retourner.
J’ai cherché du travail dans tous les ports de la Mer Rouge, à Djeddah, Souakim, Massaouah, Hodeidah, etc. Je suis venu ici après avoir essayé de trouver quelque chose à faire en Abyssinie. J’ai été malade en arrivant. Je suis employé chez un marchand de café où je n’ai encore que sept francs. Quand j’aurai quelques centaines de francs, je partirai pour Zanzibar, où, dit-on, il y a à faire.
Donnez-moi de vos nouvelles.
RIMBAUD.
Aden-camp.
L’affranchissement est de plus de 25 centimes. Aden n’est pas dans l’Union postale.
— A propos, m’aviez-vous envoyé ces livres, à Chypre ?